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Affichage des articles du juin, 2005

Etre ou ne pas Etre ... Ordurier (1)

Pourquoi suis-je à ce point ordurier ? Je pose la question pour avoir été sommé d’y répondre des dizaines de fois. N’étant pas un Pacha, je ne peux y aller , hélas, à l’intransitif et me suffire en veine de réponse d’un : je-suis-ordurier-parce-que-c’est-comma-ça. Et d’abord un Pacha n’est jamais ordurier du seul fait qu’il est pacha et que, face à un pacha, on n’est jamais assez couilleté pour lui poser la question ; alors tant qu’on n’ est pas encore prêt pour souffrir dans sa chair par amour pour la vérité, un pacha ne peut pas ne pas être un ordurier, c'est-à-dire un pacha, tout simplement… heureusement, il y a les fous pour le dire pour nous, pour poser la question en des termes Shakespeariens ! Ö Antonio ! Pourquoi est-ce que tu es Antonio ? Alors pour le menu fretin, pour le Khourotto, c’est-à-dire pour moi, j’en suis redevable du seul fait que la question est légitime dès lors qu’elle est syntaxiquement faisable et qu’un tour chez Grevisse

BOUJNIBA ... ENCORE ET ENCORE!

LE BOOTLEGGER, LE BOOKLEGGER ET LE PETIT COCO (note dédiée à LaSeine et à Larbi , pour avoir vécu dans la région) A Boujniba, nous étions tous des coco. Il n’y a pas jusqu’aux plus aisés d’entre nous qui n’aient été gagnés non seulement aux thèses des seuls Marx-Engels, mais aussi à ceux d’Altusser, de Reich, entre autres… et ce sans les avoir jamais lus qu'il serait tout à fait surréaliste que de poser des questions comme « qui c’est Feuerbach ? » à un Boujnibi pour qui le monde entier se résumait à la seule ruelle du village, et le plus consacré des écrivains ne saurait être que Sidi El Ghazouani, le fquih, l’homme qui résolvait les problèmes pluridisciplinaires de toutes les villageoises, par la grâce de ses grimoires. Des Jourdain du Marxisme, en somme, que ces boujnibi. Sauf, peut être, la génération alors montante, la dernière cuvée … qui, elle, l'était en connaissance de cause. Bien entendu, il n’y a aucun exploit à se proclamer des uns

Saint Bush

Comédien et Martyr L’histoire des religions nous enseigne que les prophètes étaient tous reconnaissables à ce signe là : qu’ils étaient tous discrédités au début de leurs carrières messianiques. Parce qu’ils étaient sincères dans leur quête du Salut, croyant Dieu de leur côté, ils voyaient dans les entraves qui leur barraient le chemin, dans les moqueries de leurs prochains un signe de la Grâce Concomitante … Ainsi va-t-il de George Walker Bush Il n’est que de voir le traitement médiatique réservé à l’homme pour s’en convaincre. Des milliers de caricatures lui sont dédiées chaque jour, des portraits couleurs caca... etc. Plus ou moins inspirées, ces caricature donnent à l’homme de cette aura toute prophétique, par-delà le dessein avoué de leurs auteurs : s’offrir sa tête sous forme d’un illuminé, d’un faux prophète… mais se demande-t-on seulement quel sort aurait été celui d’un Jésus Christ, d’un Moïse … s’il leur avait été donné de vivre parmi nous, à l’ère d’interne

Le Pachyderme

La scène qui suit est vraie, pour y avoir pris activement part et, parce que la chose me paraît judicieuse, j’aimerais bien ajouter que si je m’y étais impliqué de mon propre chef, sans y avoir été aucunement acculé … je ne savais cependant pas quel diable m’y avait-il poussé. Je m’étais embarqué dans cette histoire, un peu à la célinienne, guère mienne, parce que le hasard avait jeté son dévolu sur moi et m’y avait assigné le rôle d’un ludion, au secours d’un autre ludion … vainement. Tel Bardamu donc, j’étais attablé, seul, sur une terrasse, égayant mon temps à regarder les baleines passer quand une Mercedes 240 tomba en panne sous mon nez, à quelques mètres de ma table. Une grosse femme en descendis, ouvra le capot de sa bagnole et se mit à triturer je ne sais quoi dedans. Elle le faisait proprement, tellement en connaisseur que tout ce qu’il me restait à faire alors, me dis-je sur le coup, était de la regarder faire et surtout de me tenir tranquille, avec, par moments je l’

DE LA VIE...

...COMME DU BISTROT (suite et fin) A quel signe se sait-on enfin à terme ? cuit ? bon pour être jeté dehors… L’on me parlait de ce monsieur qui, ne se sachant jamais à temps cuit pour prendre la diagonale, en était venu un beau jour, après moult déconvenues donc, à reconnaître dans le minois d’une laide entraîneuse le signe infaillible de son extrême ébriété. Il allait dans un bar où celle-ci travaillait, s’installait et se mettait à en envoyer, de ces gorgées écumantes, par-delà la cravate jusqu’à ce qu’il se mette à désirer ladite entraîneuse, à lui trouver du chien, à estimer qu’elle était sexuellement appétissante … et qu’il serait opportun de lui montrer, à l'occasion, ce qu’il appelait alors son estampe japonaise : une partie d’amour à deux dos de bêtes sur le siège arrière de sa Simca 1 100, garée pour les besoins de la démonstration à l’orée de la ville de Sidi Kacem, loin des regards… Notre homme s’était enfin dessillé les yeux sur un indicateur fiable de sa cuite mais,

QUOI MA GUEULE!

QUAND MOI, GARAMUD, M'APPELAIS ALLAL Attablé au coin des Dieux, seul comme à mon habitude, un verre à la main .... Un monsieur entre, s’installe à la table d’en face, adopte ce que j’appelle une posture pédérastique : se met à se limer les bouts des ongles, tout en me regardant fixement, me toisant par moment, me scannant par endroit …mal m’en prend, je me dirige les pas vers les chiottes. Je prends un moment à me regarder dans la glace, pour m’expliquer les raisons de ce magnétisme animalier. Je ne sais par quel jeu d’association, une citation à Musil me vient alors à l’esprit : « Il était écrit que l’homme qui contrôle son habillement dans la glace est incapable d’avoir une activité continue. Car le miroir, crée à l’origine pour la joie (c’était ce qu’Arnheim exposait), était devenu un instrument de torture, de même que la montre est devenue un mal nécessaire depuis que nos activités ne se relaient plus naturellement ». Je regarde alors la montre et je trouve que l’étude de

DE LA VIE COMME DU BISTROT

A quel signe se sait-on enfin à terme ? cuit ? bon pour être jeté dehors… Selon Klima , l'écrivain tchèque, il y va de la vie comme du bistrot. Y’en a qui viennent, boivent leur coup et s’en vont d’eux même, tirant leurs grègues, sans se faire prier : leurs verres bus jusqu’à la lie, partent, se suicident. Ceux-là, On en parle pas et dans notre contexte marocain, on va jusqu’à leur refuser nos pages nécrologiques et nos adieux rituels. Etait-ce un cadavre qu’on mettait dans le placard, on aurait fait mine autrement plus gaie. Ce départ volontaire s’encasse tel un blasphème, un niet sans équivoque, brandi à la face de Dieu, de la tribu et de toute cette belle littérature qu’est l’idée du bonheur tant martelée, tant chantée… par ce geste, l’homme aura trouvé une valeur marchande aux verres qu’il venait de boire mais pas à la vie elle même -du moins pas à celle qui a été la sienne. Puis il y a les autres, tous les autres, toujours selon Klima, qui v

CHAHRAZADE N'EST PAS MAROCAINE !

Mais Jelenik l'est ! ( d'après une histoire idiote, débile .... mais vraie) -De tous les verres que j’ai vus dans ma vie, le tien en est le moins écumant! Sur le moment, je n’avais décelé aucune intention maligne à cette remarque. A peine y avais-je vu une façon de parler somme toute banale, une de ces fonctions de la langue que les sémanticiens disent phatiques et qui se résument pour le profane en une seule phrase : parler pour ne rien dire. Or je n’étais pas d’humeur à causer, tant que je n’étais pas au bout de ma première bière matinale, égayée de quelques cigarettes et d’autant de pages musiliennes. La barmaid notait à sa façon que je buvais sans conviction, sans que le cœur n’y soit, un ivrogne anonyme donc … en lui décochant un sourire approbateur, je croyais lui avoir tout dit et qu’elle allait enfin me laisser à ma lecture, à mon verre, ainsi qu’à mes volutes et à mes désillusions… Mais elle insistait ! Hayat, la barmaid : - c’est que ton verre est à l’image de ma …

PISSER SUR LE GIMMICK

De ma thérapie et de la vôtre propre ... Si je mets à profit certaines de mes notes pour conjuguer à tous les modes le verbe « pisser » c’est qu’il y a, vous vous en doutez peut-être, une raison purement « clinique » à ces écarts de conduite langagiers : Mes sphincters vésicaux lâchent ! Une raison donc qui tient de la mécanique de ma vessie et qu’il faut ajouter à celles -du reste toutes aussi évidentes- qui tiennent, elles, d’un manque d’éducation certain. Mais d’où est-ce qu’une insuffisance vésicale peut-elle tirer à conséquence ? idééllement s’entend… C’est que, toute proportion gardée, les critiques de Proust ont mis du temps pour s’en tenir à une explication clinique fournie par un médecin français : que l’homme souffrait, disait-il, d’une insuffisance respiratoire qui lui faisait écrire de ces phrases méandreuse, que pour d’autres critiques Kafka devait son œuvre à sa tuberculose, que d’autres encore remerciaient la cirrhose d’avoir fait écrire à Dos

LE DERNIER DES JUSTES

des Uns , des Autres et des Asticots ... Ma mère m’avait raconté que dans le temps, c'est-à-dire quelques années seulement après l’An du Bon, ainsi nommé parce que l’Etat subvenait aux besoins de ses sujets à grand renfort de « bons » pour contrecarrer la sécheresse qui sévissait alors, la Grande Affreuse aussi était de la fête, nous étions en 1944 … elle, ma mère donc, jeune et belle –vous l’aurez compris- car encore enfant jouait avec ses cousines et ses cousins quelque part au fin fond des Monts Zbarbars. Vint alors un marchand ambulant, Id Moshé ainsi qu’il s’appelait, empruntant son pédibus derrière son ânesse sur laquelle trônait en amazone le petit dernier des Moshé. L’homme allait de village en village pour proposer sa marchandise : du henné, des peignes, du savon de Taza … on lui achetait ses produits tout en discutant de choses et d’autres. Immanquablement, à un moment ou à un autre, l’on venait à parler religion et à lui seul, Moshé, arrivait à contrer toute la smala de

DE L'HUMOUR FAIT MAISON

l'Arabe, le Berbère et l'Allemand Ils étaient deux à « se » donner en spectacle tous les jours sur la place Al Mechouar à Tiznit. Leur « halqa » tirait sa force de leurs origines respectives, l’un étant arabe l’autre berbère et la teneur des textes qu’ils jouaient, leur performance ne diffèreraient en rien des autres duos marocains, n’était-ce leur parfaite connaissance de ce qui constitue l’univers mental d’un Marocain moyen. J’allais tout le temps les voir à l’œuvre avec la ferme conviction que le spectacle du jour serait d’une facture autre, différente en tout point de ceux d’avant que, par moments, je me mettais à dire qu’ils puisaient leur inspiration du moment indifféremment dans les visages des spectateurs ou dans les rumeurs de l’heure … Cependant il y avait dans leur jeu un module thématique dont ils ne se démarquaient jamais : berbère vs arabe . Chacun des deux défend sa « race », se paye celle de son collègue sans pour autant verser dans les travers du genre, la