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The End

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Il allait même jusqu'à affirmer, avec une violence croissante, qu'un talent intègre, dans une époque comme la nôtre, dont les racines mêmes sont pourries , a le devoir de s'abstenir . Mais il y avait un point où il se trahissait : alors même que des affirmations aussi catégoriques sortaient de sa bouche, on entendait de plus en plus fréquemment sortir de sa chambre des echos de Wagner [...] Lorsqu'il lâchait la plume ou le crayon, qu'il venait de prendre en main, c'était maintenant comme un sublime sacrifice . ROBERT MUSIL

SURVIVRE...

Nous estimons fort important qu’une personne soit de droite ou de gauche, de tempérament libéral ou conservateur, apôtre de la libre entreprise ou du socialisme. Nous ne voyons pas que, très souvent, nécessité fait loi, enjoignant à chacun d’agir de la même façon- ou à quiconque s’inquiète de survivre. John Kenneth GALBRAITH. Le Temps des Incertitudes. -Taxi ! L' homme, barbu, freina net. Je montai et lui indiquai ma Destination. Si, sur le coup, m’avait-on demandé pourquoi avoir tant appuyé sur l’amorce du mot « destination », prononcé en majuscule, à supposer que la chose était possible , de rendre donc les lettrines ainsi oralement, je ne saurais quoi dire, mais maintenant que j’y pense, ce devait être l’assurance avec laquelle l'homme roulait-il et surtout la vitesse : à tombeau ouvert, son inénarrable barbe y était aussi et même pour beaucoup dans l’étrange sentiment qui m’assaillit alors, fait d’insécurité et de peur . Le discours que débitait

9UIDER, UN ANABAPTISTE DE CHEZ NOUS

Le poison, c’est l’apparition goutte à goutte de nouvelles conceptions en morale, en art, en politique dans le sein de la famille, les journaux, les livres et les relations sociales. Robert MUSIL -Sans être chrétiens, nous autres Marocains, nous sommes d’authentiques anabaptistes ! D isait l’homme, un sexagénaire au blanc-bec qui voulait lui apprendre comment un bon musulman se doit de faire pour accomplir sa prière : la paume de la main droite sur le revers de la main gauche, orteil contre orteil, en rangées serrées pour ne laisser au Satan le loisir de se mettre entre eux, ainsi qu’il le réclamait je ne sais plus quel cheikh sur une K7… Sauf qu’aux yeux du vieux, il y avait dans la façon de faire du jeune homme quelque chose de désobligeant, de transcendantal. Une façon qu’il devait certainement à son modeste niveau d’instruction qu’il voulait accommoder, coûte que coûte, avec un certain prosélytisme religieux de plus en plus ambiant, à la prédication. Ce qui reve

Amours félines

If you hold a cat by the tail you learn things you cannot learn any other way. Mark twain -De ma vie de pute, je n’ai vue de femelle aussi catin, aussi dépravée que toi ! Mimi … C' est Mme S*** qui parla ainsi, une prostituée notoire, un brin de jalousie dans la voix, à l’adresse d’une petite chatte qui venait juste de se faire sabler apparemment pour la première fois dans sa vie, une débutante donc, une pucelle, une heure durant par les chats du secteur, tous les chats du secteur je veux dire, Griba en tête. A vrai dire, pour mon grand désespoir, je n’ai pu voir Mimi à l’œuvre dès le début de son exploit - c’en est vraiment un, à en croire les spécialistes alors présents dont, entre autres, Mme S***. Et je regrette car c’aurait pu m’intéresser au premier degré, moi qui n’ai de ma vie vu d’amours félines, même pas à la télé, dans un documentaire animalier par exemple. Du sexe, je ne saurais m’auréoler d’aucune autorité outre que celle que me dicte ma pratique personne

L'An I

Automobiles shot out of deep, narrow streets in the shadows of bright squares. Dark clusters of pedestrians formed cloudlike strings. Where more powerful lines of speed cut across their casual haste they clotted up, then trickled on faster and, after a few oscillations, resumed their steady rhythm. Robert Musil V u depuis mon comptoir, le monde est triste, son spectacle est désolant, lugubre … qu’à ce constat, me vient à l’esprit l’idée, saugrenue certes, que j’en suis redevable devant l’Eternel, personnellement, de cet état du monde donc, pour m’avoir laissé accouder de la sorte, mollement il faut dire, au comptoir dans une posture qui ne peut qu’en attirer, de ces idées suspectes. Au lieu de me ressaisir, de mettre un peu de dignité dans ma façon d’être dans le monde, je trouvai un vilain plaisir à le faire perdurer, simplement en regardant nos bourgeois affairés allant leur chemin, qui diagonalement, qui horizontalement, qui verticalement, selon l’inspiration du mo

Deux mondes différents ...

Le vieil homme, le pas mou, dut écraser quelque chose sur son passage, une queue laissée à l’abandon sur le couloir par son propriétaire, un chien d’agrément qui répondait au nom de Goupio. Ce devait être aussi un de ces chiens qu’on dit savants pour avoir ainsi dominé sa douleur, fait preuve de sang-froid, de dolorisme et même de philosophie, en se ressaisissant avec un air muet, à peine désabusé, là où un Marocain moyen en serait venu aux gros mots, Tout bonnement : Makatchoufch al 7ayawanne (1) ! L’homme ne s’en était même pas aperçu. C’est pourquoi, présumèrent tous les habitués du coin, continua-t-il sur sa lancée, droit sur la table au fond du café, où trois autres vieux l’attentaient déjà, chacun à la main un verre de thé à la menthe. Tous arborèrent un sourire bon enfant à le voir accourir vers eux. Il faut dire qu’une partie de jeux de carte allait bientôt être amorcée par eux et qu’avec la venue du quatrième le quorum y était enfin. Ce serait alors comme toujours, deux c

Babel Bar

Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à formuler le fond de leurs pensées, quand elles sont à rebrousse-poil, dans une langue étrangère. Craignent-il d’offenser les totems de la tribu et ses idoles ? la résonance vaginale ? ses bien-pensants, Peut-être … je ne parle pas de l’occurrence « chou de Bruxelles », accouchée telle quelle, dans un texte très british, et mettons « Les Versets sataniques », par exemple, au tout début et l’œuvre parce que, paraît-il, dès qu’il s’agit de ce chou-là, l’on ne pourrait le rendre, dans quelque langue qu’on écrit, autrement qu’en français…Je ne parle pas là de cette occurrence, somme toute technique, même si sur le coup l’écrivain est devenu l’homme à abattre pour les uns et un chou pour les autres. Dès lors, le chou ne relève plus de l’ordre du neutre, mais du foutre. Par deux reprises et sous le même toit, ai-je assisté cet après-midi à deux scènes des plus éloquentes à cet effet où des gens, pour ne pas avoir à être confondu dans leurs propos, t