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Affichage des articles du avril, 2005

String theory

... Et l'on aura décortiqué toute la littérature féminine revendicative marocaine, compulsé l’œuvre d’une fatima El Mernissi dans son intégralité, organisé toutes les conférences qu'on voudra… sans jamais conclure de façon franche à l’émancipation de la femme marocaine. Car il y aura toujours quelqu’un pour lui dénier ce droit et pour cela il lui suffira de brandir des tirés à part des saintes écritures ou de biaiser des faits physiologiquement avérés, qu’à la fin les arguments des pro et des contre profiteront à la seule littérature. Au bout du compte celle-ci n’aura, à son tour, que jeté davantage de zones d’ombre sur l'image qu'on veut idyllique de la femme marocaine émancipée. Plutôt donc que de se perdre dans les méandres de la littérature revendicative à prouver ainsi, c’est-à-dire inutilement, qu’elles sont libres, il leur incombe juste de se laisser aller à un geste somme toute anodin, un geste pour ainsi dire saisonnier pour l'avoir pratiqué des étés durant

du crédit, de son délai de prescription et de Najjia

Y a-t-il un délai de prescription pour les crédits aussi ? je veux dire chez l’épicier du coin …Je pose la question pour avoir passé quelques ardoises aux profits et aux pertes dont la dernière, un paquet de cigarettes (Marquise). J’avoue avoir composé une figure de rescapé quand j’ai vu venir enfin l’homme, un ancien client dont je ne m’étais jamais posé de question quant à ce qu’il pouvait bien être. Il venait de temps à autre m’acheter des cigarettes. Des marquises, indéfiniment. Puis il disparut …Pour réapparaître ensuite -vous me devez encore une Marquise. Ai-je dit à l’homme qui vient juste de m’acheter un paquet après une parenthèse de plusieurs mois d’absence. -Ah bon ! Me réplique-t-il. Mais ça fait trop loin dans le temps … - c’est noté ici sur mon calepin -fais voir ? … Je lui montre la note. Il épelle : "L’homme qui traîne avec Najjia : 1 Marquise = 15.50 Dhs " .C’est ainsi que tu m’identifies ? N’ai-je pas un nom ? un prénom ?Et puis, menaçant, d’où est-ce que tu

De Fatna Bent El Houssine et des autres ...

Je ne voulais pas signaler son décès à temps pour ne pas verser dans le faire-part, un exercice qui ne me réussit jamais. Pourtant la grande dame, Fatna Bent El Houcine pour ne pas la nommer, était la Diva incontestée du marsaoui et sa vie sans être aussi malheureuse que celle d’une Cheikha Rouida ou d’une cheikha El Khaouda, s’était passée sans trop d’encombres. Elle a pu vivre et mourir pour ainsi dire décemment chose qui n’était pas donnée aux artistes de sa génération. L’on se souvient encore des conditions dramatiques dans lesquelles nous a quittés Latifa Amal, l’autre grande artiste marocaine … vous l’aurez compris donc : Fatna Bent El Houssine n’est plus. Morte le cinq du mois courant… On aura seulement constaté là encore que sa mort n’a pas « bénéficié » d’une couverture médiatique à la mesure de l’artiste. A l’exception notable d’un Hassan Nejmi qui était au rendez-vous, fidèle à lui-même, rare sont les écrivains marocains que la disparition de cette femme avait interpellés, a

AUX GROS MAUX, LA PETITE QUESTION ...

Il est une petite question que les journalistes américains aiment à poser aux politiques : vous était-il jamais arrivé de fumer un pétard pendant votre jeunesse ? Tout leur personnel politique ou presque semble en avoir ainsi fait les frais et c’était toujours de bon ton. La petite question loin de les embarrasser, semble plutôt les inciter à fournir des réflexions sur bon nombre de questions jugées à l’ordre du jour. Nous savons ce qu’il en était avec Bill Clinton, Al Gore… Leurs homologues européens n’épargnent pas de leur côté les leurs mais avec d’autres petites questions genre, dans le cas français, à quel prix paye-t-on son ticket au métro. A cette question les plus heureux arrivent non seulement à donner le prix juste mais aussi à motiver les paramètres, les indexations à la base de la tarification du ticket. Là encore on en trouve qui ont fait amende honorable à ce jeu de questions réponses surtout pendant les présidentielles. Car quoi de plus révélateur de l’intérêt qu’un poli

Boire et Mourir ...

Avec les Talibans, nous savions au moins à quoi nous tenir, la marge de manœuvre pour rétrécie qu’elle était avait au moins le mérite d’être suffisamment définie pour que tous les acteurs politiques, sociaux ou autres soient au fait de ce qu’ils pouvaient faire de ce qui leur était formellement interdit. Bien entendu, on ne peut, dans leur cas, que condamner la barbarie et nous estimer heureux de les savoir maintenant planqués tels des rats je ne sais où … Le même mérite est à accorder aux danseuses du ventre, quoique dans un tout autre registre. Elles aussi respectent scrupuleusement dirais-je la loi du genre et n’y vont autrement que dans la mesure que leur permet l’éthique de la belly dance : dès lors qu’on affiche au monde entier son nombril, à quoi bon se voiler la face. Avec elles, on ne souffre pas les fausses situations, les faux-semblants … Et puis il y a les eaux médianes : Ceux qui se disent acquis aux droits de l’homme tels qu’ils sont universellement reconnus ; ceux qui ne

La Fin de Tanejjart (d'après une idée de F. Fukuyama)

L’homme s’appelle Zammara et il est en droit de passer, à mon sens, pour l’homme le plus accompli, le plus respecté aussi de la ville de Tiznit. Si cela se trouve il le serait non seulement de tout le Royaume des Sens mais bien au-delà, n’était-ce que son rayonnement est pour ainsi dire souterrain, détectable des seuls illuminés. Respecté parce que respectueux de ce qu’il fait : de l’ébénisterie traditionnelle. Quelque soit votre bourse, vous pouvez vous rabattre sur lui pour une commode, un lutrin ou pour une chambre à coucher. L’homme n’ayant jamais été à l’école ne pouvait malheureusement dérober à son compte la grande citation de Stendhal : le bonheur c’est la conjonction d’un métier et d’une passion. Mais qu’importe ! L’œuvre de Zammara sera toujours là pour témoigner de sa grandeur, de sa maestria et de son existence authentique. Son autorité dans le domaine est telle qu’il est sollicité dans toute la région depuis le gouverneur de sa majesté jusqu’au débardeur de Souk Sidi Bibi.

A LA MAROCAINE

Ma mère à ma grand-mère : Les Aït Korrète ont donné leur fille Zoubida à un Allemand. Trois nuits de suite à boire, à manger et à danser ! On l’a habillée tout à tour à la berbère, à l’arabe, à la fassie, à la sahraouie … tu sais ? Un vrai mariage marocain ! Ma grand-mère à ma mère : a-t-on exhibé le saroual blanc de Zoubida sur un pain de sucre maculé de sang ? l’ a-t-on brandi aux yeux du monde [des villageois] ? Ma mère : Non … Ma grand-mère : alors, ma petite, arrête de dire que c’est un vrai mariage marocain ! ( J’adore ma grand-mère! )

L'Homme qui a confondu le Marabout

Il était l’homme le plus connu, le plus célèbre mais surtout le plus craint de toute la ville de Kénitra. Son casier judiciaire témoigne même à l’heure qu’il est de ses hauts faits de banditisme, ses voies de fait dignes de passer pour des cas d’école criminologiques … pourtant, l’homme ne demandait qu’une seule chose : foutre le camp d’ici, de ce beau pays qui est le sien et que les siens s’acharnaient à lui rendre proprement invivable. Tous les matins, notre homme allait prier le saint des saints, le marabout de la ville, Sidi Larbi Boujemâa, pour qu’il le prenne en pitié et l’assiste de sa baraka indéfectible, celle-là même qui guérissait les désespérés de la médicine moderne, qui mariait les filles prolongées, qui maintenait l’équipe locale dans la première division du championnat national de foot, qui faisait à proprement parler la pluie et le beau temps dans toute la plaine du Gharb … Mais dès qu’il s’agissait de notre homme, la baraka du saint s’avérait être impuissante, inutil

Charabia

Ach Had El 3arbia? Tout au long de leur histoire les Français et les Anglais s’étaient livrés moult guerres qu’il en subsiste à l’heure qu’il est des survivances langagières dont on peut citer, parmi les plus connues et les plus clean « filer à l’anglaise/ French leave » et « capote anglaise/French letter »… cet échange de compliments lexicologiques s’émousse au fur et à mesure que l’Europe s’unifie et les ennemis d’hier s’en tiennent à un gentlemen agreements qui veut qu’on n’y revienne plus ou ,à tout le moins, ne pas en abuser. Mais la géographie est têtue et l’on se souvient que juste après l’ouverture de l’Eurotunnel les mauvaises langues s’étaient mises à « constater » de l’autre côté de la Manche qu’il y a de plus en plus de rats chez eux depuis l’heureux événement … M’enfin ! le sujet du présent post est qu’il y a aussi de ces mots et de ces expressions qui témoignent de l’histoire colonialiste française. Ils ne sont pas aussi abondants mais il en est un qui mérite d’être me

MISERE ET SUPERLATIVISME

On n’appelle plus son enfant Karim, mais Akram ; On n’appelle plus son enfant A bdelmajid mais Amjad ; On n’appelle plus son enfant Shrif, mais Achraf ; On n’appelle plus son enfant Mounir, mais Anwar ; … Tout ce superlativisme verbeux est beau, parce que contracté au commerce du panarabisme télévisuel, éditorial, qu’on en a pris goût… n’était-ce : qu’Akram est un enfant de la rue, boit de l’alcool absolu toute la journée et passe ses nuits sous une pierre branlante hors de la ville. qu’Amjad n’ jamais été à l’école parce que ses parents ont besoin de lui pour arrondir les fins de mois et l’envoient de ce fait chez le mécanicien. qu’Achraf et Anwar sont à peu près de choses tout aussi mal lotis que les autres…