La Fin de Tanejjart (d'après une idée de F. Fukuyama)
L’homme s’appelle Zammara et il est en droit de passer, à mon sens, pour l’homme le plus accompli, le plus respecté aussi de la ville de Tiznit. Si cela se trouve il le serait non seulement de tout le Royaume des Sens mais bien au-delà, n’était-ce que son rayonnement est pour ainsi dire souterrain, détectable des seuls illuminés. Respecté parce que respectueux de ce qu’il fait : de l’ébénisterie traditionnelle. Quelque soit votre bourse, vous pouvez vous rabattre sur lui pour une commode, un lutrin ou pour une chambre à coucher. L’homme n’ayant jamais été à l’école ne pouvait malheureusement dérober à son compte la grande citation de Stendhal : le bonheur c’est la conjonction d’un métier et d’une passion. Mais qu’importe ! L’œuvre de Zammara sera toujours là pour témoigner de sa grandeur, de sa maestria et de son existence authentique.
Son autorité dans le domaine est telle qu’il est sollicité dans toute la région depuis le gouverneur de sa majesté jusqu’au débardeur de Souk Sidi Bibi. Tout le monde affectionne en effet son travail. Mais plus intéressant encore que son savoir-faire, était sa probité qui le fait travailler le bois avec le même respect, le même dévouement indépendamment du standing social du commanditaire. Mon bois, aimait-il à dire, ne pourrait souffrir la moindre discrimination, aucun snobisme. Serait-ce Dieu qui me commande per-so-nne-lle-ment son Trône, j’y mettrai le même sérieux, la même application que s’il s’était agi d’une niche de chien : Libre à l’un ou à l’autre de choisir le bois de rotin ou d’acacia. Si différence doit-il y avoir dans l’univers mental de Zammara, elle ne devrait être que de ce côté-là.
Un jour qu’il était au chômage technique –cela lui arrivait des fois, triturant ses narines à longueur de journée, l’homme le plus riche de toute la région de Souss, Dicha , était venu lui commander un meuble pour son quatrième mariage.
-tu as choisi ton moment mon cher Dicha ! de quelque nature que soit ta commande, je vais m’y employer entièrement! Quitte à y passer ma vie.
-Merci ! lui répond le Crésus local, au fait je veux une chambre à coucher digne des Mille et Une Nuits ! car je vais me remarier bientôt …
-Le mot est dit ! je vais y passer alors mille et une nuits à la travailler, ta chambre à coucher. Parole d’honneur de Zammara !
Trois ans plus tard, Dicha a eu droit à son baldaquin promis. Toute la région n’avait de langue que pour parler de lui, un chef d’œuvre. Les termes usités pour le décrire renvoyaient à des auras paradisiaques. Certaines langues allaient jusqu’affrimer qu’il fallait juste s’y mettre pour se sentir rajeuni … autant de rumeurs ne pouvaient que créer des jalousies dont celle du gouverneur, la plus notable entre toutes. Ce dernier savait pertinemment l’ébéniste d’un abord difficile et demanda à tous les services alors sous sa tutelle de lui soumettre un dossier où Zammara serait mis à nu, passé au peigne fin … ce qui fut fait avec une recommandation : l’homme ne pouvait être qu’ un grand démocrate devant l’Eternel pour avoir subi des électrodes aux testicules pendant les années communément dites de plomb. Pour le gagner à n’importe quelle entreprise, il faudrait lui parler du nouveau concept de l’autorité. (à suivre… )
Son autorité dans le domaine est telle qu’il est sollicité dans toute la région depuis le gouverneur de sa majesté jusqu’au débardeur de Souk Sidi Bibi. Tout le monde affectionne en effet son travail. Mais plus intéressant encore que son savoir-faire, était sa probité qui le fait travailler le bois avec le même respect, le même dévouement indépendamment du standing social du commanditaire. Mon bois, aimait-il à dire, ne pourrait souffrir la moindre discrimination, aucun snobisme. Serait-ce Dieu qui me commande per-so-nne-lle-ment son Trône, j’y mettrai le même sérieux, la même application que s’il s’était agi d’une niche de chien : Libre à l’un ou à l’autre de choisir le bois de rotin ou d’acacia. Si différence doit-il y avoir dans l’univers mental de Zammara, elle ne devrait être que de ce côté-là.
Un jour qu’il était au chômage technique –cela lui arrivait des fois, triturant ses narines à longueur de journée, l’homme le plus riche de toute la région de Souss, Dicha , était venu lui commander un meuble pour son quatrième mariage.
-tu as choisi ton moment mon cher Dicha ! de quelque nature que soit ta commande, je vais m’y employer entièrement! Quitte à y passer ma vie.
-Merci ! lui répond le Crésus local, au fait je veux une chambre à coucher digne des Mille et Une Nuits ! car je vais me remarier bientôt …
-Le mot est dit ! je vais y passer alors mille et une nuits à la travailler, ta chambre à coucher. Parole d’honneur de Zammara !
Trois ans plus tard, Dicha a eu droit à son baldaquin promis. Toute la région n’avait de langue que pour parler de lui, un chef d’œuvre. Les termes usités pour le décrire renvoyaient à des auras paradisiaques. Certaines langues allaient jusqu’affrimer qu’il fallait juste s’y mettre pour se sentir rajeuni … autant de rumeurs ne pouvaient que créer des jalousies dont celle du gouverneur, la plus notable entre toutes. Ce dernier savait pertinemment l’ébéniste d’un abord difficile et demanda à tous les services alors sous sa tutelle de lui soumettre un dossier où Zammara serait mis à nu, passé au peigne fin … ce qui fut fait avec une recommandation : l’homme ne pouvait être qu’ un grand démocrate devant l’Eternel pour avoir subi des électrodes aux testicules pendant les années communément dites de plomb. Pour le gagner à n’importe quelle entreprise, il faudrait lui parler du nouveau concept de l’autorité. (à suivre… )
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