Le Cocu Magnifique 13/20

Pourtant Aïcha n’a été qu’à mi-chemin de son Damas. Mes livres durent y passer par la suite, comme en supplément thérapeutique à mes mod con, et c’était encore plus dur à voir que pour le minibar dégueulant mes nourritures terrestres dans leur chute inexorable . D’abord les Beaux Livres « Le cercle du livre Précieux » autographiés Claude Tchou, mes Pléiades tout aussi imposants...avant d’en venir aux in-folios de tout genre et aux livres de poche. Elle en choisit de volumineux, partant du principe que plus c’était lourd et plus ce serait chaleureusement applaudi par les badauds. Malheureusement pour elle, son entreprise les laissa tous de marbre. Des livres ainsi jetés, haïs… la scène ne devait pas les indisposer outre mesure, du moment que c’était déjà inscrit dans leur ordre des choses, et même dans leur « doxa », une certaine idée du bonheur faite de la seule oralité. Il lui fallut en venir à l’épreuve du feu. Elle balança alors « Le Capital » en criant que la photo sur le livre, était de Satan. Elle eut enfin droit à ce qu’elle cherchait : l’autodafé, de la thérapie par cautérisation pour intello en perte de vitesse.

En regardant la scène, Hamza ne put s’empêcher de voir dans cette scène de ménage un raccourci somme toute historique. Illitch, dit-il, est le fils naturel de Marx. A quoi bon alphabétiser une société déjà analphabète à hauteur de 70% ?! L’idéal dans ce cas de figure, selon Illitch, serait de fermer tout bonnement les écoles déjà existantes, faire de sorte que la minorité instruite se dissolve dans la majorité inculte. Le petit peuple ainsi homogénéisé, l’on pourrait alors ébaucher un projet de société, conquérir la Lune ou libérer la Palestine, sans aucune poche de résistance, sans que la majorité n’écrase, du seul fait de son poids, la minorité ou que cette dernière ne noyaute la majorité ouvrant ainsi la voie au trouble et à la regression

Boulahia, toujours là, nous lança, probablement pour avoir suivi la tirade de Hamza depuis son début : Pourquoi cette manie de chercher chez l’autre, ce que l’on a déjà sur place. En somme votre Illitch n’aura pas inventé la poudre car notre bonne culture stipule d’ores et déjà que c’est le gobelet qui doive aller vers la cruche d’eau et non pas le contraire !

Là, nous dûmes tirer à l’homme notre révérence. Il venait, en parlant du gobelet et de la cruche d’eau, nous donner la raison première de notre malaise : La soif. Nous ne demandions que cela effectivement, étancher notre soif

Commentaires

Anonyme a dit…
garamud, je suis aux antipodes de tes convictions (non-convictions?) religieuses, ton vocable m'est parfois inaccessible (j'avoue chrecher qq fois ds le dictionnaire) mais T'ES GENIAL!
Oui, un vrai génie, il faut que tu sortes de l'ombre. L'"élite" qui te lit sur internet, doit pouvoir être étendue à "celle" qui lit sur papier. Pense à éditer le cocu magnifique; il est simplement MAGNIFIQUE!
Loula la nomade a dit…
Bonsoir Moul Leqlem,

La fameuse soif. Elle nous pousse à bien des choses. Je sais pas pourquoi, mais les personnages masculins ont une profondeur même si ils semblent n'être que spectateurs. Ce qui pourrait annuler la phrase de Musil:-)
En toute amitié
Lalou
GarAmud a dit…
Salut Katti,
Bienvenue et merci Katti

salut Sindibad,
vous m'honorer là ...merci.
il faudra reprendre alors le cocu magnifique, le retravailler encore et encore et ça m'est encore plus difficile... (je suis paresseux de nature, sauf peut être pendant le ramadan...)
merci encore une fois ...

Lalou,
La phrase à Musil sonne à mon oreille comme une vérité biblique : donner la même somme d'argent à une femme et un homme, le premier le donnera au bas de laine, la deuxième en fera bon usage... je suppose :)

Posts les plus consultés de ce blog

I loath Batman

Deux mondes différents ...

LA CHAUVE-SOURIS