Le Cocu Magnifique 10/20

Plus extraordinaire encore que la visite du Roi Salomon, était à mes yeux celle qui lui succéda, par je ne sais quel hasard, de mon ami d’enfance, Hamza. Dans le temps on le prenait pour le roi incontesté de la bacchanale et avec un peu de culture l’aurait-on volontiers auréolé de noms émanant de légendes lointaines : Thor, Laukhard, Brandicus, Bacchus… Sauf qu’à Khouribga, sa ville natale où il avait établi sa légende de buveur de Moghrabi (1), les gens aimaient à voir dans la corde raide la symbolique de leur vie et la culture était pour eux un luxe dont il était de bon ton de se passer. Les hommes passaient leur journée dans l’antre de la terre, des galeries souterraines faites de phosphates, qu’une fois à la surface, leurs besognes finies, les uns allaient de pas ferme à la mosquée, remerciant Dieu de leur avoir épargné la vie, les autres au bar, d’un pas tout aussi ferme et de loin plus nombreux. A ce titre là, Hamza encore au banc de l’école aimait à dire, pensant à son père mineur probablement, que Zola ne lui apprenait rien et que Germinal c’était déjà Khouribga. La ville n’était pas seulement cela, les statistiques la disait aussi capitale du Maroc en matière de consommation du vin rouge, par tête d'habitant …

Arrivé à l’âge adulte, Hamza s’était mis dans la tête de créer son propre parti, par amour pour son Khouribga natal, celui des Francs Buveurs. Il était venu chez moi à cette heure tardive pour m’annoncer qu’il avait enfin trouvé un slogan à brandir pour mettre à faux les lois restreignant l’usage du vin au Royaume des Sens, faisant de lui l’apanage des seuls non musulmans. Or Hamza s’était démusulmanisé, ainsi qu’il aimait à dire, en sortant de l’université. Je croyais qu’il allait dérober son slogan à l’un de nos poètes arabes, particulièrement ceux d'al Jahiliya, Antar Ibn Chaddad par exemple ou à un Ibn Nawass. Mais l’homme avait dû aller encore plus loin que je ne croyais dans sa quête du « slogan qui sonne vrai ». il put ainsi le dénicher en compulsant le folklore des Titans, dans un passage de Zupfgeignhansel, où le chansonnier disait, après les modifications apportées par Hamza :

Si je bois aujourd’hui l’eau pure de la roche

Demain, le vin du Moghrabi coulera dans ma gorge

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Moghrabi : vin rouge marocain (marque déposée) très prisé à Khouribga, entre autres ..

Commentaires

Anonyme a dit…
En vain donc les Hamza se succèdent, ça me rappelle le dernier pour moi qui est mon nouveau voisin (enfin c’est moi qui suis nouveau pour lui) qui m’invitait toute une semaine pour trinquer ensemble et ainsi m’affilier à son parti contre d’autres partis. Que du Moghrabi qu’il admire à bloc, le disant à l’exemple des dattes et lait. Nos fréquences étant opposées, mais pas à cause du vin, ma tiédeur l’a froissé... la nouvelle posture ces derniers jours, est de faire ses prières en compagnie de ces contempteurs même, j’attends la fin de Ramadan pour comprendre...
Sinon GarAmud, dik Aicha mazal ma 7mlatch men Salomon?
dimanche, 16 octobre, 2005
laseine a dit…
pourquoi brusquement tu chuchote izri en parlant de dik Aïcha el khribguia (bent kherminal)?
Et qui garde l'mehlaba ?
dimanche, 16 octobre, 2005
GarAmud a dit…
Izri,
Non ! Mais elle aimerait bien avoir un ou deux enfants du lit du Roi Salomon, cela ferait d'elle l'égale d'une prophétesse, mais comme le monsieur n'est qu'une illumination, un idée, quère biologique, le patriarche ... la chose est donc impossible

LaSeine,
Je ne sais pas si je peux réponde à la place d'izri, mais el ma7laba est fermée, comme à chaque ramadan...
dimanche, 16 octobre, 2005
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