Le Chat Noir (4/4)
Sa vodka finie et intégrée, exactement comme c'était de coutume chez les Goupoviens (1) du temps de Staline (c’était l’expression qu’il s’était choisie lui-même pour se donner une certaine consistance historique), Il me dévoila enfin l’objet de sa visite : me raccommoder avec mon voisin d’en haut. Du coup, j’eus présents en mon esprit, les contes des Monts Zbarbars, où le Diable, me racontait ma mémé les nuits d’été, n’osait jamais appeler Dieu nommément ; cela l’anéantirait disait-elle et m’intimait d’y déceler le signe diabolique qui ne trompe jamais. Fut-ce à cause de cela que je pris littéralement son expression ? Au risque d’encourir le ridicule devant le petit félin, moi qui me targuais tant devant la Tribu d’être un produit universitaire fini, rompu aux nuances discursives…
-Mon Voisin d’En Haut ! Lui criai-je, idiotement je l’avoue, comme pour lui tirer la langue (à lui, le chat !), le mettre en demeure d’expliciter davantage sa proposition et de voir, à l’occasion s’il oserait bien nommer Dieu. Le petit félin sourit et de la patoche ajusta la moustache puis releva la queue en trompette un premier moment et pour finir, en fit-il une indicible figure, disons un point d’exclamation.
-Quand on est Marocain, me dit-il, c’est pour la vie ! Chez vous, les djinns jouissent encore en ce millésime 2005 d’une légitimité toute constitutionnelle et, dès lors, vous êtes bien conditionnés pour prendre pour tel le premier félin venu. Je vais être gentil et mettre cet écart langagier sur le compte des relâchements des hauteurs. Apparemment, tu ne te sens pas à l’aise sur la terrasse de l’immeuble ? N’est-ce pas? Tu veux qu’on descende ?
-Du tout ! je suis un montagnard et …
-je sais ! M’interrompit-il. Tamazight, bla bla bla ..
-oui parfaitement ! Tamazight ad izwaren (2)!
- Yiah ! ad izwaren ad nech (3). Mais arrête ton cinéma ! tu me fais rire… si je suis là c’est, encore une fois, pour te raccommoder avec ton voisin Said. L’homme qui habite l’appartement au-dessus du tien et qui, l’as-tu décris dans ton calepin, comme l’homme qui pète plus haut que son cul.
(1)Idiots en russe et par extension : menus fretins, khourouto
(2)Tamazight ad izwaren : le pays d’abord ! (comme dans
(3)Tamazight ad izwaren ad nech : Oui ! le pays à bouffer en premier
Commentaires
Ça se corse. Je dirai même nous allons assister à un débat profond où l'empirique donnera un coup de vent aux voiles du montagnard.
Mais non ! vous vous gourrez ! Notre Faust est un Don Juan d’un ordre supérieur comme dirait Kierkegaard. Il nous dit joyeusement, dans une taxinomie qui lui est propre, qu'il faut bien un destin faustien à notre pays pour arriver à l'extermination des jnouns (djinns qui peuvent être aussi les jeunes :) et autres chaînes qui ligotent nos esprits.
Il est allé joué avec humour, sa chute inattendue chez Najlae avant de la nommer. Ainsi l'avons-nous vécue avant qu'elle ne soit dite. Car il sait pertinament que nommer les choses c'est les tuer **.
Ah ! la taxinomie !
Je cite le scribe, produit universitaire fini et bien fini : "le Diable, me racontait ma mémé les nuits d’été, n’osait jamais appeler Dieu nommément ; cela l’anéantirait disait-elle et m’intimait d’y déceler le signe diabolique qui ne trompe jamais. Fut-ce à cause de cela que je pris littéralement son expression ? Au risque d’encourir le ridicule devant le petit félin, moi qui me targuais tant devant la Tribu d’être un produit universitaire fini, rompu aux nuances discursives…
[...] le mettre en demeure (le Voisin d’En Haut)d’expliciter davantage sa proposition et de voir, à l’occasion s’il oserait bien nommer Dieu."
(*) Pour ceux qui n'aurait vu dans cette expression que le vent qui souffle fort en ce moment dans les tours HLM des banlieues, je rappelle la célébre expression de l'ex-Premier Ministre "La France d'En Bas" pour vous mettre en perspective.
(**) « Mal nommer les choses c'est ajouter au malheur du monde. » Albert Camus
(**) « Bien nommer les choses, c'est un peu se les approprier. » Anonymus
(**) « [...] incapacité à "nommer les choses", disait Gabriel Garcia Marquez.
(**) « Le poète fait la simple nomination des choses. » Senghor.
PS : Loula, Najlae et Garamud, vous ne voulez pas vous faire éditer ? Ce n'est pas une basse flatterie.
Voilà j’arrive en retard mais je me suis rattrapé et j’ai lu les épisodes précédents. J’aurais aimé avoir un « haut calorifique intellectuel » pour saisir le sens des mots et de cet échange mais walou !!! Tout ce que je peux dire c’est que cela a finit par me rendre les diables bien sympathiques !
3akedtouni :) On parlait de la fracture sociale, fracture urbaine, …. Voici venu le temps de la fracture intellectuelle.
S’il est vrai qu’« on n’écrit pas de la même façon, ni avec la même aisance de plume selon qu’on est entiché de thé ou de vodka. » on ne lit pas non plus de la même façon selon qu’on est d’un côte de l’autre de l’oued.
Et au lieu de Brûler le chat noir, d’emmerder Monts Zbarbars et les Goupoviens, et de saccager Alalettre.com , on s’autorise ici ... à sourire.
(désolé c’était une petite émeute :) )
Mebrouk aidek, pour le but de rassembler un max d'adresse bloggeurs, priere de remplir une tite fiche sur mon blog : www.islamkarim.blogspot.com
Merci et @+
je suis toujours heureux de te lire et te relire. relire ainsi ton humour et ta fantisie.
Bonne chance et a moi bonne lecture ;)
M'barek le black tizniti.
j'ai lu d'un jet tes 4 épisodes,et j'en ai perdu mon latin!
je cherche depuis 5 minutes quelques choses d'intelligent et de spirituel à dire à la hauteur de ce que tu as écrit mais je n'y arrive pas.je me contente de te dire bravo,j'adore,et j'ai bien envie de boire un bouteille de vodka!
:-)
c'est une trés belle leçon de vie qui se degage de ton blog
une vie trés debourdante de sagesse et d'hummulité
en attente de ton aimable visite
bye et bon blog