Les Cadavres exquis (1/3)
Si le Royaume des Sens n’a pas encore son Académie de l’histoire c’est qu’il doit y avoir quelques cadavres dans le placard.
- Premier cadavre exquis :
Du temps de sa superbe, le maréchal Lyautey s’était alloué les services des frères tharaud, deux écrivains français pour louer son entreprise d’alors : rendre visible au monde entier la grandeur de la tâche entamée par le maréchal, pacifier la terra incognita qui était alors le Royaume des Sens et policer dans la foulée ses tribus, ses phratries et ses smalas. Le souci premier du maréchal était d’éviter toute politique d’assimilation (oui ! déjà…), de laisser les mérinos pisser à leur guise, sans interférer avec les institutions en place. Son premier objectif étant bien entendu de quadriller militairement le territoire chérifien et mettre à sac ce qui était à prendre … une politique restée encore incomprise de nos jours comme à l’époque. Les frères Thibaud racontaient dans un de leurs livres que pendant une réception caïdale, une de nos inénarrables belly dancers (entendez chikhates) s’était évertuée à jouer toutes les figures de styles qu’il lui était possible de performer avec son corps, presque nu, devant un notable de Fès, un illustre alem. IL faut dire qu’en ces temps là, c’était ces mêmes cheikhates qui fixaient la cote des uns et des autres des notables. Ainsi, quand une danseuse du ventre marquait une pause devant un invité, à lui remuer les fesses sous le nez cela voulait dire que l’invité était un gros légume dans son douar, un homme qui portait la culotte dans sa smala ou sa phratrie ; quand elle ne faisait que passer devant lui, l’invité en question pourrait être sûr alors qu’aux yeux des siens, il ne pesait pas lourd qu’une nèfle. C’était pour user d’une expression de notre temps : à chacun selon ses chevrons.
Toujours est-il que, selon les Frères tharaud, notre Alem n’avait pas daigné donner un sou à la danseuse même pas après que celle-ci l’eût gratifié d’une longue pause, égayée de quelques rigaudons du bled et de mout autres chacones tout aussi du terroir. Alors là : elle lui ôta son fez de la tête, le jeta par terre et lui allongea une gifle …le plus naturellement du monde. Elle était dans son droit selon les us et coutumes d'alors que d' y aller avec la paume de la main...
Mais où en sommes nous à l'heure qu'il est?
Une Théodora marocaine est-elle à venir? en messie ... pour notre salut?
(à suivre le deuxième cadavre exquis…)
Commentaires
je me suis toujours demandé pourquoi l'histoire enseignée démarre avec les idrisside avec un passage éclair sur les présences bysantines et romaines. quid de Massinissa, de Juba 1 et de Juba 2,...
ce qui est marrant chez nous, c'est qu'on écrit l'histoire dans la seule perspective de de gommer tout ce qui peut faire "autre" car nous sommes tous "nous" ... m'enfin! suivez mon regard...
Bessa7a ejellaba jdida Garamud!
Nhar kbir hada :)
en fait, ton regard, je l'ai suivi. y tant de choses que je doute..
maintenant que tu l'as acceptée, il ne me reste plus qu'un coup de vernis pour fixer les couleurs ... ou l3atti Moulana
Encore une fois, la plate-forme qui héberge ton blog finira par lâcher ... autant déménager dès maintanant !
Professeur : voilà une sage décision! bonne chance...
JB
Izri : yak ma 3zazine 3lik al jouthatho al hamida? rah ghadi n3arri 3la wa7d moulati el jouthah ...
yallah hattid rateks ihdoumens wa7dats
(mais il faudra traduire pour zwina ainsi qu'aux autres, je ne me le permets pas, par trop pudique ;-(
Moi je suis à la fois pudique et faible en traduction, vas y donc Garamud !
Garamud > laisse tomber, je ne voudrais pas que ta pudeur soudaine en soit ébranlée
M.