Babel Bar

Mais qu’est-ce qu’ils ont tous à formuler le fond de leurs pensées, quand elles sont à rebrousse-poil, dans une langue étrangère. Craignent-il d’offenser les totems de la tribu et ses idoles ? la résonance vaginale ? ses bien-pensants, Peut-être … je ne parle pas de l’occurrence « chou de Bruxelles », accouchée telle quelle, dans un texte très british, et mettons « Les Versets sataniques », par exemple, au tout début et l’œuvre parce que, paraît-il, dès qu’il s’agit de ce chou-là, l’on ne pourrait le rendre, dans quelque langue qu’on écrit, autrement qu’en français…Je ne parle pas là de cette occurrence, somme toute technique, même si sur le coup l’écrivain est devenu l’homme à abattre pour les uns et un chou pour les autres. Dès lors, le chou ne relève plus de l’ordre du neutre, mais du foutre.

Par deux reprises et sous le même toit, ai-je assisté cet après-midi à deux scènes des plus éloquentes à cet effet où des gens, pour ne pas avoir à être confondu dans leurs propos, tant désobligeants vous allez voir, durent recourir à des langues qui, sans être vernaculaires dans le coin (au clud des Mohock donc), étaient des plus indiquées.

Première scène :

L’homme, le proprio du bar, voyant qu’on a accroché au mur une horloge dont il ne voulait pas apparemment, s’adressa au gérant dans un berbère qui pue le « génie » de la Provence française : ces gens-là (c'est-à-dire nous autres ivrognes) n’ont absolument rien à foutre avec l’horloge, elle leur donnera la mauvaise idée de partir et c’est contre-productif pour notre activité. Mon premier reflex était de chercher l’heure mais d’après ma montre personnelle. Il m’a vu regarder la montre. Il se tut et je partis.

Deuxième scène :

Un couple mixte, germano-marocain. Un moment l’homme dut prendre la bière de sa bourgeoise et, à la régalade, en vint à bout sous le regard sidéré de sa compagne. Celle-ci n’apprécia point le geste et du revers de la main envoyer la bouteille de bière s’écraser contre le mur, juste au dessous de la nouvelle horloge. Tout le monde se tut, se focalisa le regard sur eux, attendant peut-être que leur compatriote eût le geste qu’il fallait pour sauver l’honneur de la tribu. il la regarda un moment et d’une voix tout ce qu’il y a de grincheuse lui lança, dans la langue de Goethe :

Gestern hast du meinen Schwanz geblasen und heute bist du gagegen, ich trinke von deiner Flasche nicht ! (1)

Puis encore plus grincheux vida les lieux et, en arabe, nous lança :

In3al dine Zouaj wi in3al dine le3ialate !

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(1) hier tu me suçais la queue et aujourd’hui tu es contre l’idée que je boive de ta bouteille

(2) maudit soit le mariage et maudites soient les femmes.

Commentaires

Loula la nomade a dit…
Lol, je suis crampée de rire et j'en avais besoin. Merci du partage.
Anonyme a dit…
il s'en passe des choses dans les bars! je trouve que la tetonne avait raison, une bière et une sucette ce n'est pas du tout la même chose.
Anonyme a dit…
il s'en passe des choses, dans les bars! ça me rappelle chez le Kabyle, du côté de Mantes la jolie. Remarque je trouve que la Tetonne avait raison. Le mousseux d'une bière et la turgescence d'un vît ça n'a pas la même arôme...

atanane
Anonyme a dit…
Bassa7a new look :)

Tu en as des histoires avec les bars... :)
Anonyme a dit…
François Mitterand , qui ne maîtrisait pas le langues étrangères, disait (en français): il faut laisser du temps au temps.
Il avait plein d’horloges dans son Elysée (et un bar).
Anonyme a dit…
Encore un signe Mr Gar qui montre ta capacité à observer notre société . Figure toi que ta théorie vient encore de frapper etpas plus tard qu'aujour'hui dans un palais doré. Le grand Jacques recevant la belle Angel lui propose pour se désaltérer une bière mexicaine, celle faite pour les mecs à corrones. Jacques siffle la sienne, puis comme dans ton histoire, pique celle d'Angel et la vide d'un trait. Angel se fâche et le giffle . Jacques, droit les bottes d'Alain, lui déclare alors dans un allemand impeccable :"gestern hast ..." et devant le parterre atteré des journalistes, ajoute en pâtois corrézien approximatif : "l'amitié franco-allemande sera plus forte que nos divergences" ;-)
Loula la nomade a dit…
Bonsoir,

Vu que tt le monde interprète, j'y vais de mon interprétation. Peut-être que le bonhomme n'est pas si doué que ça en fin de compte. Et puis, mince! Chacun sa bouteille, basta "l'amour c'est partage" que nenni! Marre des gars qui boivent vite (c'est un signe qui ne trompe pas) et nous qui devons partager.
En fait, il aurait mieux fait de se taire car j'imagine que la conversation a du aller bon train après son départ.
Anonyme a dit…
Mein herz und mein leib wollen sich trennen, à force de beuveries!
Anonyme a dit…
Trop cool to post !
Ces allemandes ...
Petit souvenir de nous deux dans mon blog !
Anonyme a dit…
Bonjour super blog, je viens de faire le mien, bienvenu à bord
Anonyme a dit…
slt tout le monde,slt garamud, c ch3ayba de KENITRA, j'espére à toi une heureuse et excellente année et en pleine santé...et également bonne continuation pour ton blog...

en toute probité j'ai envie de partager qlq minutes avec les filles de "ZAWIA" (Babel Cabaret)...mais le temps de travai l ne me permet pas de faire ça...lmohim a si garamud thallla lina fi lktaytat dial Babel Bar...hta nlkaw lihom lwakt...@+ Garamud
Anonyme a dit…
merci garamud pour ton blog...
Flâneur a dit…
Je découvre ce blog..et c textes fort interpelants ..écrits avec élégance et finesse.
bravo

Flâneur

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