-Avez-vous mangé par le passé un hamburger ?
Demanda le professeur universitaire et néanmoins éminent sociologue marocain au gars qui voulait le voir pour l’encadrer dans sa thèse, en sociologie rurale. L’Etudiant, fraîchement débarqué des Monts Zbarbars, gardait encore sur lui son accoutrement de tous les jours : une djellaba, des babouches et un turban en mousseline. Une espèce de l’homme bleu des hauteurs. C’était probablement cela même qui outrait le professeur, qui lui faisait voir en l'homme une fission sémantique personnifiée, criarde et intolérable.
-non monsieur le Professeur, je n’ai jamais mangé par le passé un hamburger. Je sais seulement qu’il y est question de viande marocaine, de pain marocain et occasionnellement de la tomate marocaine. Seule son appellation est étrangère…
-Désolé ! Mon fils…ce ne sera toujours que cela, un hamburger! Mais , le cas échéant,je ne saurais perdre mon temps avec vous sur ce travail là car, quand on est montagnard et qu’on ambitionne de faire une thèse de sociologie sur son propre milieu il faut d’abord avoir accompli le retrait nécessaire pour avoir toute la latitude nécessaire pour jeter un regard neuf, pour ainsi dire étranger sur cela même qu’on veut étudier en sociologue : son propre milieu et comme le disait si bien mon collègue : man kann nicht der Soziologe seines Stammes sein ! Alors, dans ton cas, seul le fait que tu aies mangé un hamburger puisse me prouver que tu as effectué ledit retrait nécessaire.
-je vois et j’en conviens Professeur, qu’on ne saurait être le sociologue de sa tribu … n’était-ce le fait qu’il y a une coquille dans la formulation de la citation de votre respectable collègue…
-Parler allemand c’est bien ! Car pratiquement tous les textes fondateurs de la philosophie moderne sont écrits dans cette langue justement … mais je me refuse à l’idée d’encadrer une thèse de sociologie rurale dont l’auteur n’a jamais mis un hamburger sous les mandibules ! il fallait passer par là !
le jeune gars d’alors , était tellement dépité au point de mettre sa thèse de côté et de s’investir corps et âme dans… le take-away et est devenu , à l’heure qu’il est, la cheville ouvrière d’un grand restaurant. Quand je le rencontre, il ne peut s’empêcher de me demander les nouvelles de l’éminent sociologue marocain, de ses derniers écrits et, à l’occasion, m’appelle-t-il au téléphone pour me dire que monsieur X est l’invité de telle émission, qui passera à la télé, à telle heure …
Ses hamburgers étant très appréciés sur la place, il ne peut que s’en féliciter donc. Je le narguais dans le temps mais plus maintenant : Depuis que j’ai été largué par une femme qui, elle, ne pouvait se faire à l’idée de vivre avec un homme qui n’a pu, quand on le lui a présenté la première fois, identifier un sushi sur le coup…
C’est dire que nos vérités et nos dieux ne sont jamais ailleurs que dans la cuisine ... des autres.
Commentaires
Oui ... mais pour les iskimoo ;)
c'est bon tout ça :)
Merci ... comme disait notre sociologue national :il fallait y penser !
;)
LeProfesseur,
je n'y ai jamais été parce que l'opportunité ne m'était pas présentée ... ma mère elle, y était et appelait la chose "Macdollar". plus pour des raisons de phonation que pour un quelconque parti pris idéologique.
PS: Pour Madras et singapor mon blog n'y est absolument pour rien! c'est à cause des raisons propres au Blogger ... alors? Besmellah 3lik
l'histoire que je vous ai présentée dans cette note est vraie... Mais à y regarder de plus près, l'universitaire en question était dans son droit d'encadrer ou non une thèse ou une autre. Juste que la façon avec laquelle il avait motivé son refus pose un problème, déjà parmi les mythes fondateurs des sciences sociales : peut-on être le sociologue, l'éthnoloque de sa tribu? Voilà la question ... qu'il l'ait fait de la façon que j'ai relatée, ne change absolument rien à la donne... Ceci dit, je comprends ta réaction, tout à fait ... je croyais que tu allais me plaindre, moi, pour avoir été largué pour un sushi et une Lazy Suzanne que je n'ai pu identifier sur le coup ;)
C'est la première année que je voyais à Paris des touristes chinois obèses.. Je posais la question à un éminent professeur ami "des chinois obèses ?"
"oui me répondit-il, depuis les Macdo"..
Je trouve dommage dans ce beau pays qu'est le Maroc, avec sa diversité de légumes, fruits, poissons, et viande de mouton délicieuse, de voir un Macdo "pousser" même à la frontière du désert... Ils savent bien les capitalistes que les enfants vont faire des caprices pour entrainer les parents dans ce temple de la mal bouffe !! Je trouve que c'est profiter de la crédulité humaine..
Et bien moi, je n'échange pas mon couscous !!
Cordialement.
-I don’t need to know it in English, so that i can eat it!
-So you should have eaten shit many times before, when you know no word!
... Cherchons-nous alors à voir sous l’angle des autres pour avoir ce regard neuf, ou juste parce qu’on a besoin d’eux ?
non ... je n'étais nullement sous l'effet de ... je ne connaissais pas le nom à donner à la chose ... Allah ibarek fik !
Saida,
La mal bouffe, telle qu'elle existe chez vous n'est pas disons généralisable à l'ensemble du pays, seule quelques villes peuvent s'"en orgueillir"...nous enfants en souffrent bien sûr mais d'une toute autre façon ... (bienvenue!)
Bsima,
Chapeau au passage !
Izri,
Quand on est d'un lieu, d'une culture... etc notre regard, notre attention ne peuvent le plus souvent capter l'essentiel, certains détails nous échappent et seul un regard neuf, c'est-à-dire étranger peut les saisir, en être interpellé ...
Comme l'a mentionné Saida, pour rien au monde je n'échangerais un tagine, un poisson au four ou même un nem ou sushi;) fait maison pour un ridicule mac..si big soit-il.
Kand au Macdo, kelkun y a trouvé la solution pour les enfants gadiris...il vient de créer un restau nommé Hmida Donald.
...ohne Kommentar.
Kitusais
Euh, moi j'adore notre cuisine marocaine, très gourmande de natur, quoique qlq fois il m'arrive de craquer pr un big big mag ;)
Comme l'a mentionné Saida, pour rien au monde je n'échangerais un tagine, un poisson au four ou même un nem ou sushi;) fait maison pour un ridicule mac..si big soit-il.
Kand au Macdo, kelkun y a trouvé la solution pour les enfants gadiris...il vient de créer un restau nommé Hmida Donald.
...ohne Kommentar.
Kitusais
là vous me traînez sur une plate-forme qui n'est pas la mienne : la cuisine. ça n'a jamais été chez moi que El Gamila et que la suile grâce que je lui ai toujours reconnue est qu'elle porte la signature de Mi Rkia ... ;)
PS1 : Ah bon, le nem ! va falloir reprendre la note et mettre "nem" à la place de "sushi" ;)
Bsima : El bissara! voilà la seule chose qui puisse me faire craquer, un bol plein à rebord, un petit matin, avec El Houssine Slaoui comme fond sonore, à moitié réveillé, les paupières mi-closes et cette bissara chaude .... Miam miam !
Pour le fond sonore y'a pas mieux qu'un silence religieux pour apprécier les mets et les savourer :)
Les épulchures, les petits-poids et la bissara sont très hype en ce moment. Parole de 3roubi jusqu'au cou (demande à Manal)
c'était pour être dans l'air du temps. Mais tu n'en rates aucune zwina iâzzane
PS : Tâazza = Zwina
J'ai envie de te dire "me voilà ravi".
Sinon sérieux j'ai entendu ça sur France-culture dans l'émission Travaux publics de Jean Lebrun recevant Yasmina Benguigui mardi dernier