DE LA VIE...

...COMME DU BISTROT (suite et fin)


A quel signe se sait-on enfin à terme ? cuit ? bon pour être jeté dehors…
L’on me parlait de ce monsieur qui, ne se sachant jamais à temps cuit pour prendre la diagonale, en était venu un beau jour, après moult déconvenues donc, à reconnaître dans le minois d’une laide entraîneuse le signe infaillible de son extrême ébriété. Il allait dans un bar où celle-ci travaillait, s’installait et se mettait à en envoyer, de ces gorgées écumantes, par-delà la cravate jusqu’à ce qu’il se mette à désirer ladite entraîneuse, à lui trouver du chien, à estimer qu’elle était sexuellement appétissante … et qu’il serait opportun de lui montrer, à l'occasion, ce qu’il appelait alors son estampe japonaise : une partie d’amour à deux dos de bêtes sur le siège arrière de sa Simca 1 100, garée pour les besoins de la démonstration à l’orée de la ville de Sidi Kacem, loin des regards… Notre homme s’était enfin dessillé les yeux sur un indicateur fiable de sa cuite mais, au lieu de formuler proprement la proposition, se contenait de remettre son chapeau, de payer ses bières ainsi que celles de l’entraîneuse -en la remerciant bien évidemment de lui avoir raconté pour la énième fois sa vie d’entraîneuse en terre musulmane et ses tout premiers débuts dans la profession…– L’homme pouvait enfin regagner son foyer, sans avoir à subir l’ire de sa conjugale

N’étant pas marié et n’ayant surtout pas encore en possession une de ces mythiques Simca 1 100, je m’étais mis au pas, par pure coquetterie bacchanale, d’en trouver un autre indicateur, tout aussi fiable et qui me reviendrait de droit, sans chercher à le piquer à autrui, la propriété étant sacrée parce que relevant du vol… Je cherchais ainsi jusqu’au jour, tout aussi heureux, où je commençais à trouver à l’univers qui m’entourait, dans son infinie plénitude, des allures humaines, c'est-à-dire anthropomorphiques. Je buvais, l’âme hagarde, et n’arrêtais d’accoquiner le verre au verre jusqu’à ce que j’eusse reconnu dans la nuée de mouches qui m’entouraient la reine. Oui ! tout à fait ! la reine des mouches ! Car elle existe ! Toute belle et frêle que celle des abeilles : je la cherchais contre toute idée de vivisection et n’essayais jamais d’y voir une quelconque métaphore de mon néant ontologique, à l’instar d’un Musil ; non plus comme une expression biaisée de ma bâtardise existentielle, tel un Sartre ; même pas à chercher, en la décrivant, à me faire donner le sentiment d’une fausse satiété comme un Knut Hamsun … du tout ! juste que je cherchais la reine des mouche, reconnaissable entre toutes et contre toutes à son corsage plantureux pour me signifier ma cuite totale, à me faire fredonner le chant des cygnes, après Fitzgerald : « tous les dieux, morts ; toutes les guerres, faites; tous les espoirs en l’homme, trompés »

Je nourrissais ainsi secrètement cette quête, croyant me jeu à tout jamais caché jusqu’au jour, tout aussi beau et heureux, où la barmaid me dit, alors que je m'apprêtais à m'en aller, les mains ballantes:

- Çafi ! ? ... Hiyya ed-debbana dart' en-n’houd ?

Commentaires

Anonyme a dit…
No comment !...
si, un comme même ! : Je fais allégeance aux femmes !
Puisque je viens de me poser cette question :
Pourquoi n’étais-je pas capable d’affirmer que Mme "J" était en luxure quand elle biglait un "Iguelguiz" (insecte de la famille des coléoptères (en berbère)) ? Je me suis contenté de lui dire : te rappelle t il John Lenon ?
GarAmud a dit…
Et quelle a été sa réponse? Qu'iguelguizen (hannetons)sont plus persformants que la pillule bleue?
Anonyme a dit…
Elle savait très bien que je n’avais pas tout compris, elle s’est donc aussi contentée d’un sourire pour me faire plaisir et revenir à son "beatle" :)
GarAmud a dit…
la prochaine fois dis-lui : dessine-moi un aguelguiz!
Anonyme a dit…
j'avoue les gars que je n'ai pas vraiment compris de quoi vous parlez (y'a des jours où on se réveille avec de la brume dans le cerveau), mais bon je voulais juste dire Bonjour.
Voilà,c'est dit.
GarAmud a dit…
Mais il n'y a absolument rien à comprendre ! Notre Izri trouve lui aussi des allures anthropomorphiques à la faune et parce que c'est un artiste il n'a pas besoin de passer par le zinc :)
Anonyme a dit…
Garamud> C’est vrai que ça m’arrive de trouver ma cuite en deux chansons ; une de Talbensirt et l’autre de Dolly Parton… mais jamais je n’arriverai à d’aussi riches posts, car il me faudrait être Garamud et passer par le zinc :)
Zwina> De ma part, tu n’as pas besoin de comprendre ; je t’ai déjà fait allégeance :)
GarAmud a dit…
Cher Izri, rien de plus facile que d'être un garamud dans son genre : il te suffit d'écrire tout ce qui te passe par la tête sans avoir à te dire ce qu'en diront el hadj Korrette ou la hadja Korreta, ne t'observe jamais en écrivant ... tout y est. mais après ça, il te faudra t'habituer à ce qu'on te serre la main, en guise de salamalec, avec seulement trois doigtns, sous pretexte qu'on est impur, à ce qu'on ne t'invite plus à leurs fêtes sous prextexte que tu ne viendrais pas, alors autant faire l'économie de ce faire-part, disaient les bonnes gens ... à ce qu'on te refuse la main de lalla Fadma parce qu'on te dit ivrogne ... dur dur d'être un garamud :)
GarAmud a dit…
où veux-tu qu'il aille? il ne fait que passer, lui "Izri" :)
laseine a dit…
ta hna ( = nous aussi avec un accent berbère)
c'est l'histoire d'un vendeur/acheteur ambulant (de menthe, noukhala, lwani ...) à Hattan (Khribga) qui s'appelait BAKCHICH.
Quand il a commencé le métier il suivait un autre vendeur comme lui et criait "ta hna". C'était devenu sa marque de fabrique. Il a réussit à faire NAFFAR pendant Ramadan sans instrument.
un jour que le roi passait par là et qu'il fallait crier "âacha al malikch" il disait "ta hna"
Il s'est retrouvé en taule et en est devenu fou. Il est mort, Dieu repose son ame.
laseine a dit…
je viens de comprendre ton com Gar
ta hna ---> toi ici (avec le H aspiré de to have) :-)

ta hna ---> nous aussi (avec l'autre H)
pour dire comme zwina "j'avais rien à dire mais je laisse la trace de mon passage voilà"
Anonyme a dit…
Laseine > wa enne9al !
laseine a dit…
Zwina > J'assume. Contrairement à certainEs :o) (la réponse à ta question chez leBlase est ici http://cslamm.blogspot.com

Gar > Pardon (il n y a que chez toi que je me permets ça parce que je me sens chez moi ici)
GarAmud a dit…
Mais tu es chez toi ! :)
Anonyme a dit…
Laseine> qu'est ce que je n'ai pas assumé?
Gar > Bonne fête de la musique, kayn chi barnamaj f'Boujniba?
GarAmud a dit…
A Boujniba,
le 21 Juin de chaque année,
les plus heureux vont à Oued zem.
:)

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