Double Postulation

Qui d’entre nous, piétons malheureux, n’a été arrosé, au moins une fois dans sa vie, de ces eaux usées qu’une ménagère dut déverser sur lui par inadvertance ou parce qu’à la construction de l’immeuble, l’entrepreneur avait jugé tout à fait superfétatoire d'équiper la bâtisse correctement, avec canalisation conséquente. Des frais inutiles donc mais , une fois l'immeuble investi de Macorains, la ménagère s'en trouve acculée au mur, sans aucune autre alternative sinon d'y aller, en bonne Macoraine donc, le seau plein d'eau usée à la main et gare aux eaux usées!

Qu’un piéton philosophe fasse les frais de cette canalisation défaillante voilà qui lui intimera tout au plus une réflexion, faisant du fâcheux incident un fait culturel chez nous, généralisable à l’ensemble de la nation, par trop occurrent. Ce piéton, j’imagine, s’essayerait du mieux qu’il pourrait, en se rebiffant un peu à la manière des chiens et tout au plus, rebrousserait-il chemin pour en filer une autre, de ces tenues donc de bourgeois, dûment repassée à sec. Il aura cependant la satisfaction d’avoir été confirmé encore une fois dans la théorie qu’il nourrissait justement à ce sujet et qui prenait forme à l’écume des jours, avec chaque seau d’eaux usées qu’on lui déversait dessus, sur son chemin. PLus tard, trouverait-il, dans le bruissement de la nuit, un tas de raisons qui feraient de la simple mésaventure, le signe patent d’un malaise dans la civilisation, celui d’avoir un espace privé excessivement propre et en face, un espace public tout à fait aux antipodes du premier : Sale comme tout. L’homme resterait ainsi un moment tiraillé par cette double postulation de l’excessivement sale et de l’excessivement propre, jusqu’à ce que sa femme s’en aperçoive, allumerait alors la veilleuse, le temps de lire dans sa pensée et elle le ramènerait au plus près d’elle, croyant que son homme lui en voulait, pour l’avoir oublié un temps. Libre alors au piéton philosophe de se venger sur la ménagère, épidermiquement …

Commentaires

Loula la nomade a dit…
Libre alors d'oublier qu'elle n'est qu'une de ces innombrables copies que manufacture un univers où les espaces sont si bien définis que gare à quiconque s'aventurerait à les altérer.
GarAmud a dit…
Loula,
un citoyen c'est, d'abord et avant tout, le respect de l'espace public.

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