Le Cocu Magnifique 2/20

(pour lire Le Cocu Magnifique 1/20)


A vrai dire, je ne m’étais attardé sur le cas Camus que pour le réactiver plus tard, au cas où nous aurions à nous expliquer, Aïcha et moi. Elle ne pouvait rester insensible à cet argument massue, elle qui se flattait non pas d’être une fée de maison –et peut-on seulement y postuler quand on a à sa disposition une bonne à tout faire- mais sa coquetterie de femme était curieusement sa thèse de troisième cycle : Camus, Le Premier Homme, une thèse plutôt quelconque, qui allait passer inaperçue, n’étaient-ce deux détails que le hasard lui avait mis sous la plume : que certains intellectuels snobaient l’auteur de l’Etranger parce qu’il leur était parfaitement intelligible contrairement à son rival, Sartre, dont la pensée prêtait le flanc au flou et qui, deuxième détail, ne dût décliner le prix Nobel que par dépit, parce qu’Albert Camus en avait été gratifié le premier … Comment eût-on pu discerner de l’originalité à cette thèse ? Voilà qui m’intriguait un temps et cessa de le faire le jour où je tombai, par pur hasard, sur une photo de ma femme attablée avec le professeur qui l’encadrait alors dans sa thèse. Les deux tenaient à la main deux bananes, à moitié épluchées et il y avait dans leurs regards quelque chose qui indisposait le jeune époux que j’étais… A vrai dire, je ne savais sur quel compte devrais-je mettre ce sentiment de malaise, sur celui des regards troubles ou sur le compte des bananes à demi épluchées et si c'étaient des prunes et non pas des bananes, m'aurais-je épargné la brûlure des questionnement?

Je ne la frapperais pas comme dans l’adage, me disais-je en rezippant enfin mon pantalon. D’ailleurs c’était contre mon éthique que de frapper ma femme, même si ma religion m’en donne parfaitement le droit, sous certaines conditions bien entendu que j’estimais tout le temps remplies du seul fait d'arborer une moustache à la hussarle et pouvais de ce fait, si cela me chantait, y aller de main vive. Juste que je la regarderais droit dans les yeux et lui ferais remarquer, comme ça, ingénument, entre la poire et le fromage, de l’urgence qu’il y avait à récurer les chiottes, que ce laxisme devrait avoir une signification et même une explication … En regagnant la salle de séjour, mes yeux flashèrent sur trois portraits disposés en triptyque fraîchement accrochés au mur : le premier représentait Aïcha, le deuxième était le mien et le troisième, trop voyant et surdimensionné par rapport aux deux autres était celui de Saâdia avec cette mention : Lalla Zita.

Commentaires

Loula la nomade a dit…
GarAmud,

L'intrigue s'installe, Saadia aka Lalla Zita ferait-elle dans l'hypnose? J'avoue avoir un faible pour les personnages que l'on croit damnés et qui prennent de l'ampleur au fur et à mesure que le récit se construit. Cela me fait penser à Jane Bowles et Helvetia & Cherifa. Je déraille, il est 8.30 et il pleut depuis hier soir.
GarAmud a dit…
Je me demande ce qui adviendra par la suite... wait and see
Loula la nomade a dit…
I am all eyes and ears.
laseine a dit…
Humm ... Le questionnement sur la banane est-il du à sa peau ou à sa phallique forme (ma prof d'histoire-géo au collège se plaignait toujours du fait qu'à l'internat dans un collège pour filles, les bananes étaient servies découpées dans un bol. "Non Non N'allez pas imaginer des bananes flombées au ruhm ! Juste des bananes décapotées et saucissonnées pour ne pas servir de saucisson !" s'écriait-elle. moi je ne comprenais encore rien et je le mettais sur ma chelhéité Kroféité.

Lalla zita serait-elle une huile ou une simple aquarelle ?
je sais je mets la charue avant le boeuf que je suis ... Je vais me faire patient chameau et attendre la suite.
J'espère que cette fois ibchi noultma ne t'enverras pas en enfer !

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