Le Cocu Magnifique 9/20

« Ce n’est qu’en blasphémant qu’on devient intéressant aux yeux de Dieu »

L’idée m’arracha du sommeil, tant elle était forte de par sa seule formulation, et allai la noter sur mon calepin, comme à mon habitude ces moments-là, quand le Roi Salomon m’en empêcha. Oui ! Le Roi Salomon était bien avec moi, entré je ne savais comment dans la salle de bain où je devais dormir sur l’ex matelas de Saadia. Si j’avais pris pour tel l’homme, le patriarche devrais dire tant sa barbe m’en imposait, c’est que je ne pouvais pas le rater, moi qui avais passé le plus clair de ma vie à l’ombre du Midrach, l’étudiant sous toutes ses coutures, les plus énigmatiques comme les plus insolites.

-N’écris rien ! me dit le Roi Salomon. Si toi qui en es l’auteur et c’est justement pour cela que je quitte mon caveau pour discuter avec toi. Laisse-moi d’abord te dire que la posture que tu avais prise tout à l’heure devant la glace n’était guère de Napoléon, mais la mienne propre, quand voilà je ne sais combien de temps, j’avais convoité la femme d’un de mes généraux, Joab si je ne m’abuse. Je l’avais alors envoyé en guerre avec l’espoir qu’il y périsse rien que pour disposer de sa femme, non pas pour sa beauté, juste pour qu’elle fasse nombre avec les 99 femmes déjà dans mon harem … Dans mon cas, c’était le fichu que portait cette femme qui m’avait fait craquer et le fait que tu aies pris le soutien-gorge de Saadia plutôt que celui de ta femme ne puisse participer que du même esprit, mon fils !

-Mais elle n’est pas ma femme ! le rectifiai-je, juste ma compagne …

-je sais ! Mon fils … Tout cela n’est que de la littérature, comme tu disais. Et c’est vrai tant qu’on est entre homme et femme. Vrai aussi pour la question de l’heure : La conflit israélo-palestinien dont on se félicite dans les cieux que tu n’aies pas formulé le problème en termes de « droit palestinien vs fait israélien ». Car tant qu’on la formule ainsi, il n’y aura pas d’issue à l’effusion du sang entre les fils d’Abraham.

Par une omniscience qui m’échappa sur le coup, le Roi Salomon prit mon calepin et fonça droit sur une page qu’il paraissait avoir lue par le passé, il la récita par trois fois : aucune union n’est malheureusement possible entre l’Islam et le judéo-christianisme ou alors seulement comme dans un couple où aucun des deux partenaires ne se laisserait baiser. Il arqua son arcade sourcilière comme par malaise. Il me regarda longtemps et après un moment de réflexion, ajouta : Ma foi ! C’est vrai même si la formulation est malheureuse. C’est un peu comme dans ton couple. Voilà que tu passes tes nuits dans la salle de bain, parce qu’un jour Aïcha a décidé de ne plus se laisser faire, parce qu’à ses yeux, il n’y a aucune loi écrite qui l’y oblige.

Il ferma enfin mon calepin et se préparant à partir dût ajouter encore ceci :

-A propos ! avant que de partir j’aimerais te dire mon fils que c’était moi qui avait mis sous le pinceau de ton ami peintre, l’idée de faire ton portrait en camaïeu, sur le triptyque familial.

Commentaires

GarAmud a dit…
Amazigh,
Le plus extraordinare dans tout cela c'est qu'il est entré dans la salle de bain quand bien même elle était "fermement" fermée, un parasonique, le Roi Salomon ! ;)

Leblase,
Le propre des prophètes, à mon sens, c'est justement ce côté agitateur qui leur faisait prendre les contre-vérités du temps, le parti de toute vérité pour autant qu'elle ne soit pas rangée parmi les bien-pensants de leurs époques. Et on ne les prend pour ce qu'ils sont vraiment, des acteurs politiques donc, qu'une fois les apôtres et les exégètes remplacés par les historiens et les annalistes, c'est-à-dire en mesurant leurs prophéties à l'aune de leurs victoires et de leurs défaites...
(merci pour le soutien moral, physique et surout pour ta lecture ;) )
Loula la nomade a dit…
Bisoir/Bijour Moul leqlem,

Joab, il avait tué pas mal de monde alors que David était Roi. Salomon se devait de le tuer car il avait promis à son père, David mourant, de le faire. Parce que Joab préférait le frère ainé de Salomon (puisque celui-ci n'est devenu roi que par la promesse de David à Bathsheba). Bref, Joab sentant que Salomon voulait l'éliminer alla au temple et demanda la protection d'Adonaï et fit dire à un émissaire que Salomon pouvait pas l'exécuter deux fois et demanda que la malédiction de Salomon soit levée. Salomon, juste comme il était exécuta Joab sans le maudire et du coup transféra la malediction dans la maison de David et sa postérité et pire le royaume de Salomon fut divisé en deux.
Kharbatini ya moul leqlem, je pensais que tu parlais d'Uriah mari de Bathsheba dont David est tombé amoureux et envoya son mari se faire tuer par les Hittites.

Tlefte va falloir que je relise tout ça.
Mwah
GarAmud a dit…
Lalou, La collationneuse (al mo7aqqiqa fi al watha'ï9)
C'est toi qui as raison! je ne m'en étais aperçu qu'une fois le point final accouché ... alors comme, par paresse je ne m'étais pas ressaisi et puis c'est la faute au narrateur ;) ainsi que pour Kafka (toute comparaison gardée) ne se gênait pas pour décrire les balcons de New york, dans son Amerika, tout en sachant qu'il n'y a pas, compte tenue de l'architecture propre à cette ville, à l'époque, de balcon ... la littérature que tout cela ... ;)
Sans mwah ni Pchakk! :)
(mais avec beaucoup d'amitié)
Anonyme a dit…
C'est parce que tu le vaut bien :) et surtout parce que c'est vrai :)

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