Le Cocu Magnifique 14/20

A vrai dire, on eût pu rire de tout cela, mais pas Hamza. Il devait lui aussi avec survécu à pareille épreuve. « ne te confonds pas en explications, cela ne fera que raviver le sentiment de ton impuissance… des scènes de ménage comme celle là on en eût compté une myriade depuis le temps, qu’avant toute rupture, tout divorce il s’en passe de ces petites explications entre hommes et femmes, mais au lieu d’aller jusqu’au bout dans l’explication, on préfère y couper court chez l’avocat »

Tiens ! » me dit-il en me fourrant le matelas entre les bras après l’avoir ramassé et épousseté un bon coup, ainsi qu’une maman avec le nounours de son enfant dont elle ne sait encore qu’une seule vérité : qu’il est incapable de se tenir tranquille seul, la nuit dans le noir. C’est ainsi que Hamza alla même jusqu’à me raccompagner à la salle de bain devenu mon lebenslief, mon espace vital. Il jeta le matelas par terre et fixant du regard les petits dessous de Saadia rangés soigneusement à côté de ceux de Aïcha sur une étagère alors que mes caleçons, mes chaussettes étaient rangés dans un coin comme de vulgaires détritus, il ajouta : Rassure-toi, l’ami ! C’est la loi du genre qui veut qu’il en soit ainsi, n’y vois aucune offense à toi. J’opinai de la tête, me jetai raide sur le matelas, le pria de fermer la porte en sortant en lui souhaitant la bonne nuit.

La salle de bain, sans meubles, m’eut l’air sur le coup d’un bloc opératoire, tellement propre et l’odeur de l’eau de javel dut lui aussi en rajouter à cette aura toute hospitalière. Je me souvins alors de cette expression à Musil que l’homme moderne né dans une clinique et meurt dans une clinique, alors il faut que sa demeure ressemble à une clinique. Rien qu’à l’idée, le sentiment d’abandon qui me terrassait alors s’émoussa et, attendri, m’étais mis à clamer plusieurs fois cette citation de Musil et me plaisais en même temps à ce que les murs de la salle de bain m’en rendissent l’écho, à chaque coup : « L’homme moderne né dans une clinique …. ». je me rappelai alors une autre phrase que je clamais, enfant, tout aussi fort : La vie est méchante ! et l’écho me rendait : Chante ! chante ! chante ! …. Un moment, je ne sais comment, je proférai une autre phrase, mais en arabe :

Bghit ne’ntaher !(1) et l’écho me rendit : entaher(2) ! entaher ! entaher !

Je m'arrêtai tout net, ayant en horreur les oracles.

(1) je veux me suicider !

(2) t’es libre ! t’es libre ! t’es libre !

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