Le Cocu Magnifique 4/20

Maintenant que j’y pense et avec le recul, force m’est de convenir au fait que c’était là une réaction plutôt impersonnelle, inauthentique et quelque peu romanesque pour l’homme que je croyais être alors : un homme du réel marocain. A vrai dire, je n’avais fait que reproduire, sans m’en rendre compte, un comportement qui tranchait avec le mien propre, pour lequel j'avais été conditionné depuis ma prime enfance et qui en principe, devait être autrement plus brutal, plus primaire à voir ainsi ma femme dans une posture ouvertement pédérastique. Le fait est que j’étais, longtemps après, la proie au remord comme si c’était moi l’auteur de cet écart de conduite et mon corps, trop hâve alors pour faire les frais de cette expérience ancillaire, maigrissait à vue d’œil et devenait pour ainsi dire comme une peau de chagrin. Car quoi de plus confondant pour un homme que de surprendre sa bourgeoise, non pas dans les bras d’un tiers, mais affligée d’un godemiché avec sa bonne … je commençais alors à nourrir ma théorie sur l’institution du mariage et sur le fait qu’il est tout bonnement incompatible avec les mammifères.

Un jour que je lisais le « Slaves Of New York », l’auteur, Tama Janowitz, me fournit non pas un alibi ou une justification à cette étrange expérience mais juste une étiquette – et je ne demandais pas plus : c’était là une attitude minimaliste de ma part. Son personnage à elle, était une prostituée qui avait pour souteneur un gars qui préparait deux doctorats, un de philosophie et un autre de littérature anglaise à l’Université de Massachusetts. Je m’étais identifié avec ce dernier, moins pour la philosophie ou la littérature anglaise (que nous avions en commun du reste) que pour le proxénétisme à proprement parler. Moi aussi j’allais, chaque fois que Aïcha en formulait le désir, jusqu’aux coins perdus du Maroc profond pour lui ramener de jeunes filles. J’étais ainsi à Demnate, A Ben Grir, à Chichaoua et même à El Kamouni pour lui dénicher de ces jeunes bonnes dont elle arrêtait d’avance la valeur marchande, toujours à hauteur de 300 dirhams le mois… la seule qui eut la chance de tenir plus longtemps que les autres n’était personne d’autre que Saâdia, native elle aussi de Ouarzazate, sa compatriote donc. En lui jetant dessus son dévolu, Aïcha croyait, me dis-je maintenant, trouver en elle cette résonance vaginale qui manquait aux autres bonnes, pourtant de loin plus belle que Saâdia, toutes sexuellement plus appétissantes qu'elle... J’étais drôlement cocufié et me sentais dès lors l’âme entremetteuse.
(A suivre)

Commentaires

Anonyme a dit…
Weld Boujniba, Tu m’a menti !
Tu m’avait dit « Nous sommes Libres Larbi ! » et là je découvre que pendant ramadan tu te caches dans les chiottes pour en fumer une ! « Nous en sommes pas Libre Gar »..
Aïcha est peut être la plus libres d’entre nous puisqu’elle t’as ….. et ….. toutes ces jeunes filles pendant que tu fais le proxénète.
«Aïcha est libre Gar!»
Anonyme a dit…
Je m'asente 2jrs et je vois ue tu en mis du nouveau :) Vu que gt de garde, que mes parents viennent de rentrer, que en 2jrs g dormi 5h, que ma dette envers morphée est assez élevée... Tu m'excuseras donc de ne pas commenter le fond :) ça viendra plus tard...
MAbrouk Ramadan.
Loula la nomade a dit…
Larbi, wa nari:-) tu nous reviens en force, bi dawame a khouya Larbi!
Bref, moi j'envoie un rayon de soleil à GarAmud car il a décidé de prendre de front et disséquer ce pan encore inexploré ou occulté. Et ce ne sont pas des fleurs que je te lance. A te relire ce soir ou demain.
GarAmud a dit…
Larib,
tu conviendras avec moi que macher un chewing gum un jour de ramadan sur la place publique est un comportement non pas imptie, mais contre-productif. Contrètement cela représente un manque à gagner étalé sur les deux mois à passer en prison au cas où je serais débusqué une Flash gum sous la mandibule ... Si je vais donc aux chiottes c'est pour me conformer avec la Constitution et pour faire preuve ainsi de citoyenneté... (tu verras ce qui va advenir de ma liberté et celle de Aïcha, patience Larbi!

Le Prosseur Shadoko,

Voilà du Brassens jazzisant et tout craché:

Mânes de mes aïeux, protégez-moi, bons mânes!
Les jolies charnelles me perdent,
La femme de ma vie, hélas! est nymphomane,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Sous couleur de me donner une descendance,
Les joies charnelles me perdent,
Dans l'alcôve elle me fait passer mon existence,
Les joies charnelles m'emmerdent.

J'ai beau demander grâce, invoquer la migraine,
Les joies charnelles me perdent,
Sur l'autel conjugal, implacable, elle me traîne,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Et je courbe l'échine en déplorant, morose,
Les joies charnelles me perdent,
Qu'on trouve plus les enfants dans les choux, dans les roses,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Et je croque la pomme, après quoi, je dis pouce.
Les joies charnelles me perdent,
Quand la pomme est croquée, de plus belle elle repousse,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Métamorphose inouïe, métempsycose infâme,
Les joies charnelles me perdent,
C'est le tonneau des Danaïdes changé en femme,
Les joies charnelles m'emmerdent.

J'en arrive à souhaiter qu'elle se dévergonde,
Les joies charnelles me perdent,
Qu'elle prenne un amant ou deux qui me secondent,
Les oies charnelles m'emmerdent.

Or, malheureusement, la bougresse est fidèle;
Les joies charnelles me perdent,
Pénélope est une roulure à côté d'elle,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Certains à coups de dents creusent leur sépulture,
Les joies charnelles me perdent,
Moi j'use d'un outil de tout autre nature,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Après que vous m'aurez emballé dans la bière,
Les joies charnelles me perdent,
Prenez la précaution de bien sceller la pierre,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Car, même mort, je devrais céder à ses rites,
Les joies charnelles me perdent,
Et mes os n'auraient pas le repos qu'ils méritent,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Qu'on m'incinère plutôt! Elle n'osera pas descendre,
Les joies charnelles me perdent,
Sacrifier à Vénus, avec ma pauvre cendre,
Les joies charnelles m'emmerdent.

Mânes de mes aïeux, protégez-moi, bons mânes!
Les joies charnelles me perdent,
La femme de ma vie, hélas! est nymphomane,
Les joies charnelles m'emmerdent.


Bsima,
3la Slamt El Walid ...

Ramadan me fait écrire de ces choses presque malgré moi :)


Lalou La Nomade,
j'en prends note et dois me donner des coups de fouet pour avancer, c'est ainsi que cela marche avec moi, l'écriture ... :)
Anonyme a dit…
Gar je te taquine :)
Je t’avais dit que tes personnages me donnent un faux espoir de liberté.
Allez je vais tout miser sur Aicha cette fois-ci. Elle est ma jeanne d'arc.
GarAmud a dit…
je le lui dirai et elle en sera ravie et fera preuve d'encore plus d'émancipation. Elle joue notre sort à nous tous, Aïcha d'Arc :)

Posts les plus consultés de ce blog

I loath Batman

Deux mondes différents ...

LA CHAUVE-SOURIS